A L’ORIGINE D'UN LONG COMBAT

Le Docteur Anna BUASA NJINJI est née au début des années 40 dans le village de Kitondolo (secteur Kilamba) dans le Congo Belge. Fille naturelle, mais issu de la notabilité, elle est remarquée par les sœurs de Saint André (présentes dans le Congo Belge depuis 1932) en tournée dans la région pour trouver des écolières susceptibles de rejoindre leur ordre (dans le cadre des projets de gouvernement indirect prônés par l’autorité coloniale[1]). Dès le début des années cinquante, elle est scolarisée au Sacré Cœur de Kikwit. Elle a ensuite la chance d’être sélectionner avec 8 autres écolières de la région du Bandundu pour rejoindre la métropole en vue de l’obtention d’un Baccalauréat sanctionnant ses études secondaires.

Après des études à Bruxelles puis Ramegnies-Chins, elle retourne à Saint Gabriel (à Kinshasa) en 1960 pour terminer ses études secondaires. Elle est ainsi aux premières loges pour vivre les soubresauts de la décolonisation du pays, hébergés par un couple d’ « évolués » proche du futur Président Kasavubu.

Au lendemain de l’Indépendance (30 juin 1960), elle bénéficie d’une bourse d’étude offerte par les pays francophones pour soutenir le pays nouvellement indépendant, et choisit la France et plus précisément Lille pour entreprendre des études de Médecine.

Elle fonde dans la capitale des Flandres une famille avec Monsieur Baudouin Buasa, lui aussi étudiant en Médecine congolais. Deux garçons naissent de cette union. Le couple se sépare. Anna décide de rester en France pour garantir que ses enfants recevront la meilleure éducation possible. Elle fait venir sa sœur et sa famille (quatre enfants) qu’elle prend en charge.

En 1981, elle soutien avec succès sa thèse de Doctorat en Médecine.

Après plusieurs vacations dans les hôpitaux du bassin minier et de la métropole lilloise, elle finit par s’installer comme médecin généraliste, spécialisée en échographie obstétrique à Lille Fives en 1989. Elle se dédira à la santé de ses patients jusqu’à son décès, intervenu le 14 juin 2013 dans l’hôpital de Saint Vincent (Lille).

Pourquoi, comment l’ASA a-t-elle vue le jour. Remontons un peu le temps.

En janvier 1972, Madame GUNONGA Julienne (la mère de la fondatrice de l’association) est hospitalisée à l’hôpital de GUNGU au Zaïre. Elle souffre d’une insuffisance cardiaque compliquée d’un œdème aigu des poumons. Elle va mourir parce que le médecin ne peut la soigner ; il n’y a pas de médicaments de l’hôpital de référence, pas même un comprimé de Lasilix, loin de sa vie qui apprend la situation trop tardivement pour apporter le moindre secours à sa mère.

En août 1990, après 10 ans sans possibilité de voyager « au pays », le Docteur Anna NJINJI arrive dans ce même hôpital. Au cours d’une visite des malades, on lui présente un petit garçon de 2 ans atteint d’une rougeole qui s’est compliquée en pneumopathie aiguë. L’enfant est en détresse respiratoire majeure et perdra la vie faute d’antibiotiques et d’oxygène.

La même nuit, le Docteur Anna BUASA NJINJI est appelé pour un accouchement difficile. A sa grande surprise, la salle d’accouchement ne possède ni éclairage, ni le matériel élémentaire de réanimation…

Le constat est sévère : en 18 ans, la situation de cet hôpital, loin de s’être améliorée, s’est gravement dégradée ; les bâtiments, le matériel médical étaient dans un état de délabrement indescriptible, les soignants manquaient de tout.

Emue par tant de détresse, le Docteur s’est interrogé sur les moyens à mettre en œuvre pour venir en aide aux populations locales. Cette réflexion aboutit à création de l’Association « Aide et Solidarité pour l’Afrique » A.S.A., notre chaîne de solidarité. L’association est enregistrée auprès de la Préfecture de Lille en 1991.

[1] Au cours des années 1920, dans le sillage de la politique de gouvernement indirect, le principe d’une éducation adaptée au milieu et donc en langues africaines (Feltz, 1981) va être définitivement adopté pour établir les premières structures d’enseignement. Elles sont formalisées dans le « Projet d’Organisation de l’Enseignement libre du Congo belge avec le concours des Sociétés des Missions Nationales » (1924 et 1925)10 qui, une fois adopté par les différentes parties prenantes, deviendra la réglementation de l’enseignement en 192911. Cette organisation pose les jalons d’une éducation de masse et géographiquement hiérarchique : la majorité des élèves fréquentent les écoles dites « du premier degré » des zones rurales, dont l’action scolaire, essentiellement en langue locale, vise l’ancrage des élèves dans leur milieu et le respect de l’autorité coloniale. Les écoles du second degré, implantées surtout dans les grands centres européanisés, dispensent à une minorité un enseignement littéraire plus conséquent, ainsi que la langue française (Tshimanga, 2001).

Source : https://journals.openedition.org/cres/2402

Docteur Anna NJINJI BUASA et deux infirmiers – 24/08/2008

Docteur Anna NJINJI BUASA – 29/08/2008

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